- méjuger
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1 ♦ Tr. ind. Littér. MÉJUGER DE : estimer trop peu, se tromper sur (la valeur de). Méjuger de qqn, des talents de qqn.2 ♦ Juger mal. ⇒ déprécier, méconnaître, mésestimer. « l'amoureux qui se désole et méjuge l'amour » (A. Gide).3 ♦ SE MÉJUGER v. pron. réfl. Se sous-estimer par excès de modestie.⇒MÉJUGER, verbe trans.A. — Emploi trans. indir., littér. Méjuger de qqn/qqc. Estimer trop peu, ne pas apprécier à sa juste valeur. Synon. se tromper sur. Méjuger de qqn; méjuger des capacités, des talents de qqn; méjuger de ses forces. (Dict. XIXe et XXe s.).B. —Emploi trans. dir. Méjuger qqn/qqc. Juger mal (faussement ou défavorablement). Synon. déprécier, méconnaître, mésestimer, sous-estimer. Créature de Dieu, quel qu'il fût, si pauvre qu'il fût, si lointaine de lui et méjugée de tous (JOUHANDEAU, M. Godeau, 1926, p.190). Ces inventeurs généralement méjugés de leurs contemporains (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p.10):• ♦ Il me fallut bien des années pour admettre un tel silence et pour en mesurer la tristesse et la grandeur. Si je l'ai méjugé d'abord, c'est que j'étais un enfant (...), c'est peut-être aussi qu'il fallait, à ma grand faim de solitude et de fuite, des raisons, même empoisonnées.DUHAMEL, Terre promise, 1934, p.226.C. — Emploi pronom. à sens réfl. Se méjuger1. Se sous-estimer par excès de modestie; mal connaître sa propre valeur. Synon. se méconnaître. (Dict. XIXe et XXe s.).2. VÉN. [Le suj. désigne un animal, notamment un cervidé] Mettre les pattes de derrière en dehors de la trace de celles de devant. L'animal sauvage qui va d'assurance, ne se méjuge jamais, c'est-à-dire que quand il marche tranquillement et sans être inquiété, même en courant, il met toujours très régulièrement le pied de derrière à la place que celui de devant vient de quitter (LA HÊTRAIE, Chasse, vén., fauconn., 1945, 158).Prononc.:[
], (il) méjuge [
]. Étymol. et Hist. a) Ca 1205 mesjugier «se tromper dans son jugement» (RENAUT, Lai d'Ignaure, éd. R. Lejeune, 136), assez rare au Moyen Âge (v. GDF. et T.-L.), repris dans la lexicogr. dep. MERCIER Néol. 1801; b) 1561 spéc. vén. (DU FOUILLOUX, Venerie, f°32, v°, Favre ds GDF.). Comp. de juger et de l'élém. formant mé-, mes-. Fréq. abs. littér.:11.
DÉR. Méjugement, subst. masc., littér. Fait de méjuger; appréciation inexacte et défavorable (de quelqu'un/de quelque chose). Il avait peur du jugement de tous et de chacun, de sa belle-soeur en particulier; ou plus exactement, il redoutait l'ombre que ces méjugements pourraient porter sur son ménage (GIDE, Si le grain, 1924, p.511). — []. — 1re attest. 1842 (RICHARD); de méjuger, suff. -ment1.
méjuger [meʒyʒe] v. tr. [CONJUG. juger. → Bouger.]ÉTYM. XIIIe, mesjuger; de més-, et juger.❖1 V. tr. ind. || Méjuger de (littér.) : commettre une erreur d'appréciation qui aboutit à ne pas reconnaître l'importance, la valeur de (qqn, qqch.). ⇒ Tromper (se tromper sur). || Méjuger de qqn, des talents de qqn.1 Seuls peuvent méjuger de cette race ceux qui la connaissent mal.G. Duhamel, Inventaire de l'abîme, XIV.2 V. tr. dir. Juger mal. ⇒ Déprécier, méconnaître, mésestimer.2 Ainsi fait l'amoureux qui se désole et méjuge l'amour, d'après celui d'une catin.Gide, Journal, 11 nov. 1924.3 V. pron. réfl. || Se méjuger : se juger soi-même faussement, par excès de modestie. ⇒ Sous-estimer (se).❖DÉR. Méjugement.
Encyclopédie Universelle. 2012.